Vascularites : ANCA, Horton, Wegener, GPA, EGPA, Takayasu

PREVENIR LES INFECTIONS

VACCINS ET MALADIES AUTO-IMMUNES

Un temps suspectée comme pouvant être à l’origine de l’émergence de maladies auto-immunes ou bien de poussées chez les patients atteints de maladies auto-immunes, la vaccination a depuis prouvé son innocuité dans ses situations et son efficacité. Elle constitue un moyen efficace de prévention des infections, facteur important de morbidité/mortalité chez les patients immunodéprimés. Ces patients présentent en effet un risque infectieux accru en raison de la diminution de la capacité du système immunitaire à se défendre efficacement. Il est donc recommandé, chez tous les patients, de vérifier, avant la mise en place du traitement immunosuppresseur, que le calendrier vaccinal est à jour (diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, méningocoque de type C jusqu’à l’âge de 24 ans). Pour les filles jusqu’à 19 ans, le vaccin contre les infections à Papillomavirus humains (HPV) est également recommandé. En plus de ces derniers, les vaccins contre le pneumocoque et la grippe sont spécifiquement recommandés chez les patients immunodéprimés. Seuls les vaccins vivants atténués (rougeole, oreillons, rubéole, fièvre jaune, varicelle-zona) sont contre-indiqués chez l’immunodéprimé. Des recommandations spécifiques à la vaccination, émanant de l’EULAR, société européenne de rhumatologie, ont récemment été réactualisées et publiées [1].

VACCINS ET MALADIE AUTO-IMMUNES

QUE FAUT-IL SAVOIR SUR LES VACCINS

Vaccination anti-grippale en pratique

·         Les vaccins anti-grippaux disponibles en France sont des vaccins inactivés composés de 3 ou 4 souches.

·         La vaccination anti-grippale est recommandée chez tout patient porteur d’une maladie chronique, qui plus est sous immunosuppresseur, et n’est en aucun cas contre-indiquée par la prise d’un médicament immunosuppresseur.

·         Une vaccination annuelle est recommandée (d’octobre à décembre de façon saisonnière).

·         A quoi sert le vaccin de la grippe ?

Beaucoup de patients estiment que le vaccination anti-grippale ne les protège pas efficacement car ils ont l’expérience d’avoir « fait » la grippe malgré la vaccination. Parfois, ils pensent même avoir été malade à cause de la vaccination. Il faut savoir qu’effectivement la vaccination anti-grippale peut s’accompagner de symptômes généraux à type de courbatures, myalgies, asthénie et fièvre pendant quelques heures à plusieurs jours. Ces symptômes sont sans grande gravité et gérable par un traitement symptomatique. A l’opposé, en France, la grippe saisonnière frappe chaque année en moyenne 2,5 millions de fois et est la cause de 5 décès par jour en moyenne. La grippe est donc responsable de 1.500 à 2.000 décès par an., essentiellement sur des terrains prédisposés de personnes fragiles.

·         La vaccination anti-grippale n’évite pas toutes les formes de grippe mais elle prévient les formes graves. Une étude Britannique récente menée sur plus de 13 millions de patients de septembre 2006 à août 2015 comportant près de 30000 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, spondyloarthrite ou lupus systémique et comparant les patients vaccinés aux patients non vaccinés, a démontré que la vaccination anti-grippale saisonnière permettait d’éviter 53% de mortalité liée à la grippe, et même 48% de la mortalité toutes causes confondues [2].

Vaccination anti-pneumococcique en pratique

·         Le pneumocoque est une bactérie responsable d’infections fréquentes telles que des otites, des sinusites, des pneumonies et aussi des septicémies ou des méningites.

·         La vaccination anti-pneumococcique est recommandée chez tout patient sous immunosuppresseur et n’est en aucun cas contre-indiquée par l’immunodépression.

·         Le schéma vaccinal (Prime-Boost) recommandé est 1 dose de vaccin 13-valent (Prevenar®), suivie d’une dose de vaccin 23-valent (Pneumovax®) au moins deux mois plus tard.

·         Le vaccin pneumococcique 13-valent couvre 13 sérotypes du pneumocoque et procure une protection de longue durée.

·         Le vaccin pneumococcique 23-valent couvre un plus grand nombre de sérotypes et vient en complément du vaccin 13-valent pour compléter la protection pour les personnes à risque d’infections graves (effet booster). La durée de protection est de trois à cinq ans.

·         En cas de vaccination débutée par le vaccin 23-valent, il faut attendre au moins un an pour réaliser le 13-valent.

 

Vaccination contre la fièvre jaune en pratique

·         La vaccination est recommandée pour les personnes voyageant ou résidant dans les régions intertropicales d’Afrique et d’Amérique du Sud. Elle peut même être exigée par certains pays pour l’entrée sur le territoire.

·         S’agissant d’un vaccin vivant atténué, il est contre-indiqué chez l’immunodéprimé. Il peut donc s’avérer judicieux de proposer une vaccination avant l’introduction d’un traitement immunosuppresseur. Dans le cas contraire il faut envisager l’arrêt de ce dernier avant la vaccination.

·         Le schéma vaccinal comprend une seule dose administrée au moins dix jours avant le départ.

·         Les traitements immunosuppresseurs (corticostéroïdes compris) ne doivent pas être introduits dans les quinze jours qui suivent la vaccination.

 

Vaccination contre le VZV (varicelle-zona) en pratique

·         La vaccination contre le VVZ chez les patients immunodéprimés vise surtout une protection contre le zona (réactivation du virus de la varicelle).

·         S’agissant pour le moment également d’un vaccin vivant atténué, il est contre-indiqué chez un patient sous immunosuppresseur. Il peut donc s’avérer judicieux de proposer une vaccination avant l’introduction d’un tel traitement chez les patients n’ayant pas présenté de varicelle dans leurs antécédents. Pour s’en assurer une sérologie VZV est réalisable.

·         Un vaccin inactivé va prochainement voir le jour et être disponible pour vacciner les patients immunodéprimés.

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Vaccination et développement de manifestations auto-immunes ou de poussées de maladies auto-immunes : ce que disent les études

·         Sous l’effet d’un vent de défiance populaire suspectant une imputabilité de la vaccination dans de multiples pathologies telles que l’autisme ou la sclérose en plaques par exemple, celle-ci a également été incriminée dans la genèse de maladies auto-immunes ou de poussées chez les patients atteints de maladies auto-immunes. De nombreux travaux permettent désormais d’être rassurés, ne retrouvant pas de risques significativement augmentés de maladies auto-immunes après vaccinations. Une énorme étude observationnelle longitudinale a inclus plus de 2,2 millions de jeunes filles âgées de 13 à 16 ans entre 2008 à 2012. La survenue de maladies auto-immunes a été surveillée comprenant notamment : le lupus cutané ou systémique, la sclérodermie localisée ou systémique, les vascularites, la polyarthrite rhumatoïde, les myosites, la dermatomyosite, le syndrome de Gougerot-Sjögren ou le purpura thrombopénique immunologique. Les résultats ne mettent pas en évidence d’augmentation significative du risque de survenue d’une maladie auto-immune chez les jeunes filles vaccinées, comparativement aux non vaccinées (Hazard ratio ajusté, HRa : 1,07 [IC95% : 0,99-1,16]). [3-4] Plus récemment, sur plus 14000 patients atteints de maladies auto-immunes, aucune association entre la vaccination et le risque de poussée n’a été retrouvé [5].

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Références :

·         [1] Furer V, Rondaan C, Heijstek MW, Agmon-Levin N, van Assen S, Bijl M, et al. 2019 update of EULAR recommendations for vaccination in adult patients with autoimmune inflammatory rheumatic diseases. Annals of the Rheumatic Diseases. 2019 Aug 14;annrheumdis-2019-215882.

·         [2] Inactivated Influenza Vaccine Prevents Respiratory Infections and Improves All-Cause and Cause-Specific Mortality in Immunosuppressed People with Autoimmune Rheumatic Diseases: Propensity Score Adjusted Cohort Study Using Data from Clinical Practice Research Datalink [Internet]. ACR Meeting Abstracts. [cited 2019 Sep 11]. Available from: https://acrabstracts.org/abstract/inactivated-influenza-vaccine-prevents-respiratory-infections-and-improves-all-cause-and-cause-specific-mortality-in-immunosuppressed-people-with-autoimmune-rheumatic-diseases-propensity-score-adjust/

·         [3] Miranda S, Chaignot C, Collin C, Dray-Spira R, Weill A, Zureik M. Human papillomavirus vaccination and risk of autoimmune diseases: A large cohort study of over 2million young girls in France. Vaccine. 2017 24;35(36):4761–8.

·         [4] https://professionnels.vaccination-info-service.fr/Aspects-sociologiques/Controverses/Maladies-auto-immunes

·         [5] Nakafero G, Grainge MJ, Myles PR, Mallen CD, Zhang W, Doherty M, et al. Association between inactivated influenza vaccine and primary care consultations for autoimmune rheumatic disease flares: a self-controlled case series study using data from the Clinical Practice Research Datalink. Ann Rheum Dis. 2019 Aug;78(8):1122–6.

·         https://vaccination-info-service.fr/