CRMR auto-immunite de Strasbourg

ALIMENTATION,
REGIME,
ET MALADIES AUTO-IMMUNES

Faut-il modifier son alimentation lorsqu’on a une maladie auto-immunes ?

régime et maladies auto-immunes

CRMR DES MALADIES AUTO-IMMUNES DE STRASBOURG

NOS CONSEILS DIETETIQUES

De nombreuses interventions  diététiques  ont  été  proposées, et largement médiatisées, au cours des maladies auto-immunes, mais les études, bien que nombreuses, sont souvent discutables en terme de méthodologie. Cependant, des progrès récents ont permis de mettre en évidence  un  rôle  important  du  microbiote intestinal dans les rhumatismes inflammatoires chroniques, ce qui permettrait d’expliquer en partie l’effet de l’alimentation dans ces pathologies. L’alimentation semble donc avoir un rôle important. Nous aborderons aussi la question des régimes, de la carence en vitamine D, du gluten, de la spiruline en association avec les maladies auto-immunes ; ainsi que la différence avec la maladie coeliaque et les anémies qui entrainent un manque de fer.

Alimentation et système immunitaire : quels liens ?

Les aliments peuvent agir  sur  le système immunitaire par dleurs effets anti-inflammatoires et/ou immunomodulateurs.L’un des  exemples  le  plus classique est celui des acides gras polyinsaturés, dont l’administration à l’homme est capable de réduire la synthèse de prostaglandines pro-inflammatoires. Plusieurs études ont montré que le sel mais aussi les lipides peuvent stimuler des mécanismes auto-immuns par l’induction de lymphocytes Th17. Le microbiote intestinal est un des régulateurs  majeurs  du système immunitaire, raison pour laquelle de  très  nombreuses publications lui sont consacrées depuis quelques années.

Les crucifères
Le rôle bénéfique de la consommation de crucifères (brocolis, choux frisés, choux de Bruxelles, choux chinois, choux-fleurs, navets, radis, épinards, etc.) a été démontré dans la prévention de certains cancers (prostate, estomac, côlon). Cet effet protecteur des crucifères est lié à leur richesse en sulforaphane, une molécule qui pourrait également avoir des propriétés anti-inflammatoires dans  les  pathologies  auto-immunes .

Les huiles de poissons et des acides gras polyinsaturés oméga-3
L’action anti-inflammatoire des  acides  gras  polyinsaturés  a été suggérée par des études  épidémiologiques  chez  les Eskimos du Groenland, montrant une moindre prévalence de maladies inflammatoires par  rapport à la population des pays occidentaux .Dans les pays occidentaux, les acides gras polyinsaturés les plus répandus dans l’alimentation sont les oméga-6 contenus dans les huiles végétales (tournesol) mais sont plutôt pro-inflammatoires, contrairement aux oméga-3 (huile de colza, poissons gras, soja, noix, etc…) qui sont capables de réduire la synthèse de prostaglandines pro-inflammatoires.Toutefois, en l’absence de données scientifiques de niveau de preuve suffisant, la supplémentation en acides gras polyinsaturés n’est actuellement pas recommandée au cours des maladies auto-immunes, mais une alimentation équilibrée riche en acides gras oméga-3 (poissons gras: sardines, marquereaux, etc…) est souhaitable.

Les suppléments vitaminiques (vitamine C, E et D)
Les vitamines C et E sont souvent présentées comme étant de puissants antioxydants. Cependant, les principales études menées contre placebo n’ont pas permis de montrer de diminution de l’activité des maladies auto-immunes lors de la supplémentation. Certaines études retrouvent même des effets délétaires lors de supplémentation à forte dose. En revanche, il est essentiel de maintenir des taux sanguins satisfaisants de vitamine D, aussi bien pour le fonctionnement du système immunitaire que pour le métabolisme de l’os ; cela est démontré dans de très nombreuses études. Une supplémentation en vitamine D, si nécessaire, vous sera proposée lors de la consultation avec votre médecin.

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Les probiotiques

La régulation de l’inflammation par les probiotiques est un domaine complexe, les résultats des études réalisées in vitro, dans les modèles animaux et chez l’humain pouvant être très discordants. Plusieurs études se sont intéressées à l’efficacité des probiotiques au cours des maladies auto-immunes humaines, avec des résultats globalement peu concluants, mais une tolérance qui semble très satisfaisante.

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Les régimes

Les principaux régimes qui ont été étudiés sont le jeûne, le régime méditerranéen, le régime végétarien ou végétalien, les régimes d’exclusion et le régime élémentaire. Une méta-analyse de la collaboration cochrane montre que les effets des différents régimes ne sont pas formellement démontrés, mais souligne également les nombreuses limites méthodologiques des études analysées. Cette méta-analyse met aussi en garde contre les effets secondaires de ces manipulations diététiques.

Les données concernant le rôle du régime végétalien sont très limitées. Il est important de s’assurer que ce régime n’induit pas de carence car c’est il est pauvre en protéine, ce qui peut accélérer la fonte musculaire.

Il n’existe actuellement pas de donnée solide permettant de proposer les régimes d’exclusion, (par exemple régime sans gluten ou régime sans protéines de lait de vache) en raison du risque important de carences. L’efficacité des régimes Seignalet et Kousmine repose surtout sur des expériences individuelles, mais il n’existe pas d’étude de haute qualité méthodologique permettant de les valider formellement. D’une manière générale, les régimes d’exclusion sont souvent très contraignants et n’ont pas formellement démontré scientifiquement leur efficacité. Même si certains patients rapportent des résultats individuels favorables, ces régimes peuvent exposer à un risque de carences et de dénutrition et ne sont donc pas recommandés.

Le régime méditerranéen est un régime riche en légumes, fruits, céréales, poissons et huile d’olive et pauvre en viandes rouges. Il a démontré un bénéfice sur la réduction du risque cardiovasculaire et pourrait présenter un bénéfice sur la douleur et la raideur articulaire sans effet sur l’inflammation biologique dans certaines études de faible puissance.

Au total

Le rôle de l’alimentation dans la survenue ou l’aggravation des maladies inflammatoires et auto-immunes est souvent suggéré mais difficile à démontrer. La correction d’une carence en vitamine D reste une mesure essentielle, en particulier concernant l’homéostasie osseuse. Certaines modifications alimentaires peuvent être envisageables à condition de faire preuve de discernement et d’éviter toute carence, qui sont particulièrement fréquentes avec les régimes restrictifs